### L'établissement de l'Église du Christ
- Conditions au début de l'ère chrétienne.
- Système religieux juif, païen et samaritain.
- Sectes et partis juifs.
- Accomplissement et remplacement de la loi de Moïse.
- Choix et ordination des [[apôtres]].
- Ministère des apôtres.
- Établissement de l'Église sur le continent américain.
- Le «midi des temps»
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Une croyance commune à toutes les sectes et Églises professant le christianisme est que [[Jésus-Christ]] , le Sauveur et le Rédempteur de la race humaine, établit son Église sur terre par son ministère personnel au midi des temps. L'histoire ecclésiastique, à la différence de l'histoire séculière, traite des expériences de l'Église depuis le moment de son établissement. Ce sont d'abord les conditions de la fondation de l'Église qui réclament notre attention.
Au début de l'ère chrétienne, les Juifs, comme la plupart des autres nations, étaient des sujets de l'empire romain[^1]. Ils jouissaient en général d'un degré de liberté considérable pour conserver leurs pratiques religieuses et leurs coutumes nationales, mais leur statut était loin d'être celui d'un peuple libre et indépendant.
C'était une période de paix relative, un temps marqué par moins de guerres et de dissension que l'empire n'en avait connues pendant de nombreuses années. Ces conditions étaient favorables pour la mission du Christ et la fondation de son Église sur terre.
Les religions subsistant au temps du ministère terrestre du Christ peuvent se classer en principe en juive et païenne, avec en plus une petite minorité, les Samaritains, qui était essentiellement un mélange des deux autres. Les enfants d'Israël étaient les seuls à professer l'existence du Dieu vrai et vivant; ils étaient les seuls à attendre la venue du Messie qu'ils attendaient, se méprenant, sous forme d'un conquérant qui viendrait pour écraser les ennemis de leur nation. Tous les autres peuples, nations et langues s'inclinaient devant des divinités païennes, et leur culte ne comprenait que les rites sensuels de l'idolâtrie païenne. Le paganisme[^2] était une religion de forme et de cérémonie, basée sur le polythéisme, la croyance dans l'existence d'une multitude de dieux, lesquelles divinités étant sujettes à tous les vices et passions de l'humanité, tout en s'en distinguant par l'immunité contre la mort. La moralité et la vertu étaient des éléments inconnus du service païen; et l'idée dominante du culte païen était de se rendre les dieux favorables dans l'espoir de détourner leur colère et d'acheter leur faveur.
Les Israélites, ou Juifs pour employer le terme collectif par lequel on les connaissait, se distinguaient ainsi d'entre les nations comme de fiers détenteurs d'une connaissance supérieure, avec une lignée et une littérature, avec une organisation sacerdotale et un système de lois qui les mettaient à part en tant que peuple à la fois singulier et choisi. Alors que les Juifs considéraient leurs voisins idolâtres avec horreur et mépris, ils étaient à leur tour traités avec dérision de fanatiques et d'inférieurs.
Mais les Juifs, tout en se distinguant ainsi du reste du monde en tant que peuple, ne constituaient pas un groupe uni; au contraire, la division régnait parmi eux en matière de doctrine et de pratique religieuses. En premier lieu, une haine mortelle opposait les Juifs proprement dits aux Samaritains. Ces derniers étaient un mélange de gens peuplant une province distincte s'étendant principalement entre la Judée et la Galilée, composé principalement de colons assyriens qui avaient contracté des mariages mixtes avec les Juifs. Tout en affirmant croire au Jéhovah de l'Ancien Testament, ils pratiquaient de nombreux rites appartenant au monde païen qu'ils prétendaient avoir abandonné. Ils étaient considérés et réprouvés par les Juifs proprement dits comme peu orthodoxes.
Ensuite, les Juifs eux-mêmes étaient alors divisés en beau coup de sectes et de partis rivaux dont les principaux étaient les pharisiens et les saducéens; avec en plus, comme nous le disent les Écritures, les esséniens, les galiléens, les hérodiens, etc.
Les Juifs vivaient selon la loi de Moïse, dont l'observance extérieure était mise en vigueur par la règle sacerdotale, tandis que l'esprit de la loi était très généralement négligé aussi bien par les prêtres que par le peuple. Paul affirma par la suite dans son épitre aux Galates que la loi de Moïse avait été donnée en préparation de quelque chose de plus important: «Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ[^3].» Et le fait qu'une loi supérieure devait remplacer la loi inférieure apparait beaucoup dans les propres enseignements du Sauveur: «Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; ... Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà
[^1]: Voir note 1 à la fin du chapitre.
[^2]: Voir note 2 à la fin du chapitre.
[^3]: Ga 3:24.