# Péchés et erreurs
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>Auteur : Dallin H. Oaks, du Collège des Douze
>Date : 16 août 1994
>Lieu : BYU University
>Version de la Bible : King James en français
Mes chers frères et sœurs, je suis heureux de participer à cette Semaine de l'Éducation sur le campus de BYU.
Le thème de cette année, « L'éducation : raffinée par la raison et la révélation », est à la fois approprié et stimulant. L'idée que l'éducation doit être fondée à la fois sur la raison et sur la révélation est un véritable principe de l'Évangile. Il est enraciné dans la direction divine selon laquelle nous devons « chercher la connaissance par l'étude et aussi par la foi » (D&A 88:118). C'est un principe immensément important que certaines bonnes personnes ne comprennent pas et n'appliquent pas. Certains qui ont raffiné leur application de la raison, rejettent la révélation, et d’autres qui comprennent la révélation, semblent mal comprendre sa relation avec la raison.
Nous pouvons être édifiés par l'exemple de grands Saints des Derniers Jours qui honorent et appliquent à la fois la raison et la révélation. Arthur Henry King, un distingué fonctionnaire britannique qui est devenu professeur à BYU puis président du temple de Londres, est l'un de ces hommes. Je cite son livre « The Abundance of the Heart » (Salt Lake City : Bookcraft, 1986) :
_« La conversion n’est pas une question de choisir ce que nous aimons et d’ignorer le reste, mais d’acceptation pleine et entière. … Lorsque nous avons accompli cet acte de foi, … toutes les difficultés sont résolues par elle. Lorsque nous avons déposé aux pieds du Christ toute notre savoir, tout notre apprentissage, tous les outils de nos métiers, nous découvrons que nous pouvons les reprendre, les nettoyer, les ajuster et les utiliser pour l'Église, au nom du Christ et à la lumière de son visage. Nous n'avons pas besoin de les rejeter. Tout ce que nous avons à faire, c’est de les utiliser à partir de la foi qui nous possède maintenant. Et nous découvrons que nous le pouvons._ (p. 30) »
Ces mots sont à la fois un défi pour nous tous et une introduction appropriée à mon sujet d'aujourd'hui.
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Dans ce message de dévotion, je souhaite réfléchir à un principe fondamental énoncé dans la révélation moderne, mais qui n’est pas aussi bien compris ou appliqué qu’il devrait l’être. Ce principe a été donné pour nous guider dans nos relations les uns avec les autres. Il est particulièrement important pour les parents d'adolescents.
Trois versets des Doctrine et Alliances établissent une différence importante entre péchés et erreurs. Je n'avais jamais remarqué ces versets jusqu'à il y a environ un an, lorsque je lisais les Doctrine et Alliances pour la quinzième ou la vingtième fois. Leur enseignement m'est venue à l'esprit avec une telle fraîcheur et un tel impact que j'ai pensé qu'elles pourraient avoir été nouvellement insérées dans mon livre. C’est ainsi que fonctionne l'étude des Écritures dans la prière. Les Écritures ne changent pas, mais nous, oui, et c’est pourquoi les anciennes Écritures peuvent nous apporter de nouvelles perspectives chaque fois que nous les lisons.
La vingtième section des Doctrine et Alliances, donnée le même mois où l'Église a été organisée, constitue la révélation fondamentale sur le gouvernement de l'Église. Elle contient un verset qui donne cette directive importante : « Tout membre de l’Église du Christ qui transgresse ou qui est surpris commettant une faute, sera traité comme les Écritures le prescrivent. » ([[D&A 20#80|D&A 20:80]]). Ce verset implique clairement que transgresser est différent d’être surpris commettant une faute, mais que le deux types d’actions doivent être traité comme le prescrivent les Écritures.
Les Écritures contiennent diverses directives concernant la manière de traiter avec les membres, mais la directive clé pour le présent sujet se trouve dans deux versets de la révélation de novembre 1831, donnée en préface du livre qui constitue aujourd'hui les Doctrine et Alliances. Ces versets font suite à l'explication du Seigneur selon laquelle il a donné à ses serviteurs les commandements contenus dans ce livre « selon leur langage, afin qu'ils les comprennent » (D&A 1:24). Les versets suivants clarifient la différence entre l’erreur et le péché, et donnent des directives distinctes pour la correction de chacun. Je cite les versets 25 et 27 :
« _Afin que, s’ils ont commis des erreurs, elles soient révélées ;_
_Que, s’ils ont péché, ils soient corrigés afin de se repentir._ » (D&A 1:25, 27)
Selon ces versets, _transgresser_ est différent de _commettre une faute_, et _errer_ est différent de _pécher_. Il me faut ici définir certains termes. Je crois que dans ces Écritures, _péché_ et _transgression_ ont le même sens. De même, _errer_ ou _être en faute_ sont équivalents. Pour cette deuxième catégorie, j'utiliserai la description plus familière : « commettre une erreur ».
Le sujet de ce discours est le différence entre les péchés et les erreurs. Les deux peuvent nous blesser et les deux nécessitent notre attention, mais les Écritures préconisent un traitement différent. Mâcher un fil électrique sous tension ou plonger la tête la première dans une eau d'une profondeur incertaine sont des erreurs qui doivent être signalées afin qu’elles puissent être corrigées. Les violations des commandements de Dieu sont des péchés qui nécessitent un châtiment et un repentir. Dans le processus de traitement, nous ne devrions pas exiger le repentir pour les erreurs, mais il nous est commandé de prêcher la nécessité du repentir pour les péchés.
Tel est mon message. Le reste de ce discours n’a pour but que d’illustrer et d’appliquer ce message.
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Ma première illustration utilise des mots que j'ai appris lorsque j'étais jeune garçon en lisant le catalogue Sears Roebuck. À cette époque, chaque article du catalogue était proposé en trois qualités différentes : bon, meilleur et excellent. Sears n'utilisait pas le mot « mauvais », mais si je l'ajoute, j'ai quatre mots qui me permettent d'illustrer clairement mon premier point. Pour la plupart d'entre nous, la plupart du temps, le choix entre le bien et le mal est facile. Ce qui nous pose généralement des difficultés, c'est de déterminer quelles utilisations de notre temps et de notre influence sont simplement bonnes, meilleures ou excellentes. Si l'on applique ce principe à la question des péchés et des erreurs, je dirais qu'un mauvais choix dans le conflit entre ce qui est bien et ce qui est mal est un péché, mais qu'un mauvais choix parmi des choses qui sont bonnes, meilleures et excellentes n’est simplement qu’une erreur.
Les mortels commettent ce genre d’erreurs tout le temps. Nous pouvons en lire quelques-unes dans l'histoire de l'Église. Je crois que certaines des persécutions subies par nos ancêtres étaient le résultat de leurs péchés. Le Seigneur le leur a révélé (voir D&A 101:2). Je crois que certaines de leurs persécutions résultaient aussi d’erreurs. Ainsi, le « sermon du sel » provocateur de Sidney Rigdon, qui a contribué à créer les conditions qui ont conduit à l'expulsion des Saints du Missouri, était probablement une erreur. De même, certaines décisions erronées concernant les politiques bancaires de Kirtland ont tourmenté les Saints pendant plus d'une décennie. Ces difficultés financières étaient peut-être annoncées par l'avertissement du Seigneur au prophète Joseph Smith : « Tu n’auras pas de force pour les travaux temporels, car ce n’est pas là ton appel » (D&A 24:9).
Sur un plan plus personnel, considérez l'erreur décrite par Truman G. Madsen dans son excellent livre _Joseph Smith the Prophet_ (Salt Lake City : Bookcraft, 1989) :
_Un jour, dans un moment de détente, le Prophète se tourna vers son secrétaire, Howard Coray, et lui dit : « Frère Coray, j'aimerais que vous soyez un peu plus grand. J'aimerais bien m'amuser avec vous », sous-entendu faire de la lutte. Frère Coray répondit : « Peut-être que vous le pouvez, vu les choses. » Le prophète l’attrapa, le saisit, le plaqua au sol, lui tordit la jambe et la lui cassa. Plein de compassion, il le porta chez lui, le mit au lit, lui posa une attelle et lui banda la jambe._ (p. 31)
En enseignant aux saints de ne pas s'accuser les uns les autres, le prophète Joseph Smith a dit : « Ce que beaucoup de gens appellent un péché, n'est pas un péché » (Enseignements, p. 155). Je crois que la grande catégorie d'actions qui sont des erreurs plutôt que des péchés illustre la vérité de cette déclaration. Si nous étions plus compréhensifs envers les erreurs des autres, nous contentant simplement de corriger plutôt que de châtier ou d'appeler au repentir, nous favoriserions sûrement l'amour et le vivre-ensemble dans une plus grande paix et harmonie.
La pertinence de cette approche appliquée aux erreurs est clairement illustrée par les enseignements bien connus du Prophète Joseph Smith, à la première Société de Secours. Il a enseigné aux sœurs d’être gentilles et aimantes envers ceux et celles qui commettaient des erreurs, ainsi qu'envers les pécheurs. Il a déclaré :
_Supposons que Jésus-Christ et les saints anges nous critiquent pour des choses frivoles, qu’adviendrait-il de nous ? Nous devons être miséricordieux les uns envers les autres et fermer les yeux sur les petites choses_. …
_Rien n’est plus de nature à inciter les gens à abandonner le péché que de les prendre par la main et de veiller sur eux avec tendresse. Quand des personnes me montrent la moindre gentillesse et le moindre amour, oh !, quel pouvoir cela a sur mon esprit, tandis que la manière inverse a tendance à susciter tous les sentiments durs et à déprimer l’esprit humain_. …
. . . _Il ne doit pas y avoir de licence pour péché, mais la miséricorde doit aller de pair avec la réprimande_. (Enseignements, pp. 193-195).
Le livre des Proverbes regorge de conseils sur les erreurs ou les fautes, et le mot le plus fréquemment appliqué à la personne qui ne se comporte pas correctement dans ces domaines est « insensé ». Notre dictionnaire définit un insensé comme une personne manquant de jugement ou de prudence. Un insensé est un insensé, pas un pécheur. Nos écrivains anglais ont compris cette différence et l’ont utilisée dans leur opposition fréquente entre les insensés et les fripons.
Les Proverbes disent : « Un insensé énonce toute sa pensée, mais un homme sage la retient jusqu’à plus tard » (Proverbes 29:11). L'usage du mot « insensé » dans l'Ancien Testament est évident dans la confession de Saül : « J'ai agi comme un insensé et j'ai commis une grave erreur » (1 Samuel 26:21). Stimulé par cette expression, un dramaturge anglais a écrit ces lignes qui nous rappellent le champ abondant qu'offre la mortalité pour la conduite insensée.
_Quand on joue à l'insensé, quelle largeur
Le théâtre s'agrandit ! à côté,
Combien de temps le public reste assis devant nous !
Combien de prompteurs ! Quel chœur !_
(Walter Savage Landor, Plays (1846), stanza 2)
Le Sauveur a utilisé le terme « insensé » pour caractériser la leçon de sa parabole concernant l’homme riche qui construisit de plus grandes granges pour stocker ses fruits et ses biens abondants, puis je dirai à son âme : « Âme, tu as beaucoup de biens amassés pour beaucoup années ; prends tes aises, mange, bois et sois joyeux » (Luc 12:19). Puis, le Sauveur enseigna :
_Mais Dieu lui dit : Toi Insensé, cette nuit, ton âme te sera requise : alors, à qui seront ces choses que tu as préparées ?
Ainsi en est-il de celui qui amasse un trésor pour lui-même, et n’est pas riche envers Dieu_. (Luc 12:20-21).
La distinction entre les péchés et les erreurs est importante dans nos actions, dans le domaine de la politique et des débats sur les politiques publiques. Nous avons constaté des accusations très acerbes entre saints des derniers jours, en désaccord sur les politiques que notre gouvernement devrait suivre, les partis politiques que nous devrions soutenir ou les personnes que nous devrions élire comme fonctionnaires. De tels désaccords sont inévitables dans un gouvernement représentatif. Mais il n'est pas inévitable que ces désaccords entrainent des dénonciations personnelles et des sentiments amers décrits dans la presse ou rencontrés lors de conversations personnelles.
Lorsque nous comprenons la différence entre les péchés et les erreurs, nous réalisons que la quasi-totalité de nos désaccords lors des élections et des débats sur les politiques publiques sont des questions d'erreur (faute) plutôt que de transgression (péché). La ligne de conduite inspirée pour de telles divergences d'opinion consiste à essayer de corriger les erreurs en les signalant dans un discours civil, mais sans pour autant châtier ou dénoncer comme pécheurs ceux qui, selon nous, ont commis ces erreurs. (Bien sûr, certaines politiques publiques sont si étroitement liées à des questions morales qu'il peut n'y avoir qu'une seule position moralement juste, mais c'est rare.)
Dans une récente interview accordée à la presse, le Président Howard W. Hunter a déclaré que l'un de nos objectifs en tant qu'Église est de « changer le monde et sa façon de penser ». Identifiant la manière dont nous devons nous y prendre pour accomplir cette tâche, le président Hunter a déclaré : « Nous avons une obligation, en tant que chrétiens, en tant que membres de l'Église, et nous appelons toutes les personnes à être plus gentilles et plus attentionnées, que ce soit dans nos foyers, dans nos entreprises ou dans nos relations avec la société. » Concluant cet appel, il a déclaré que nous avons la responsabilité d'enseigner « une réponse semblable au Christ à tous les problèmes du monde » (« Prophet Focuses on Christ’s Message », Church News, 9 juillet 1994, p. 3). Comprendre et appliquer la distinction entre les péchés et les erreurs nous aidera à remplir cette responsabilité qui nous a été imposée par Dieu.
Les Écritures et nos dirigeants nous ont également enseigné des principes qui exigent une approche aimante envers ceux avec qui nous sommes en désaccord sur des questions de croyance religieuse. Dans l'une des grandes prophéties qui concluaient son ministère, le prophète Néphi a décrit les fausses églises des derniers jours qui enseigneraient « des doctrines fausses, et vaines et insensées » (2 Néphi 28:9). Il dénonça nombre de leurs adeptes pour leur méchanceté manifeste, notamment voler les pauvres et commettre des actes de prostitution. Ensuite, il a fait référence à un autre groupe, une poignée d'individus exceptionnels qui étaient les humbles disciples du Christ. Remarquez les mots qu'il a utilisés pour décrire ces deux groupes.
_Ils se sont tous égarés, à l'exception d’un petit nombre qui sont les humbles disciples du Christ ; néanmoins, ils sont conduits, de sorte que, dans bien des cas, ils errent parce qu'ils sont enseignés par les préceptes des hommes_. (2 Néphi 28:14).
Nous voyons ici que lorsque les humbles disciples du Christ sont induits en erreur par les préceptes des hommes, leur offense est une erreur, et non une transgression.
George A. Smith a appliqué ce principe dans un discours prononcé au Tabernacle de Salt Lake City en 1870. Faisant référence aux personnes honnêtes du monde chrétien à l'époque du Rétablissement qui s'étaient égarées quant à la doctrine, il a utilisé le mot « erreur » et a indiqué que le Seigneur serait très miséricordieux envers elles.
_Il y avait cependant des personnes honnêtes dans toutes les confessions, et Dieu a du respect pour tout homme qui est honnête de cœur et d'intention, même s'il peut être trompé et dans l'erreur quant aux principes et à la doctrine ; cependant, dans la mesure où cette erreur est le résultat de leur tromperie par la ruse des hommes, ou de circonstances sur lesquelles elles n'ont aucun contrôle, le Seigneur, dans Son abondante miséricorde, regarde cela avec indulgence, et dans Sa grande économie, Il a prévu différentes gloires et a ordonné que toutes les personnes soient jugées selon la connaissance qu'elles possèdent et l'usage qu'elles font de cette connaissance, et selon les actes accomplis dans le corps, qu'ils soient bons ou mauvais_. (Journal of Discourses, 13:346).
L'explication du frère Smith s'appuyait manifestement sur la doctrine qui définit le degré de responsabilité des personnes qui n'ont pas reçu la loi. L'apôtre Paul a enseigné que nous ne péchons seulement lorsque nous connaissons la loi (voir Romains 7:7). Dans une élaboration claire de ce principe, le prophète Jacob affirme que « là où il n'y a pas de loi donnée… il n'y a pas de condamnation » (2 Néphi 9:25). Par conséquent, il a enseigné que « l'expiation satisfait aux exigences de sa justice pour tous ceux à qui la loi n'est pas donnée » (2 Néphi 9:26 ; voir aussi Alma 42:17). De même, le prophète Mormon a déclaré : « Tous les petits enfants sont vivants dans le Christ, et aussi tous ceux qui sont sans la loi. Car le pouvoir de rédemption vient sur tous ceux qui n'ont pas de loi » (Moroni 8:22). C'est le principe qu'un autre prophète du Livre de Mormon a appliqué en enseignant aux Néphites méchants que, à moins qu’ils ne se repentent, ce serait mieux pour les Lamanites que pour eux :
_Car voici, ils sont plus justes que vous, car ils n'ont pas péché contre la grande connaissance que vous avez reçue ; c'est pourquoi le Seigneur sera miséricordieux envers eux… lorsque vous serez totalement détruits, à moins que vous ne vous repentiez_. (Hélaman 7:24).
Selon cette doctrine, les personnes qui enfreignent une loi qui ne leur a pas été donnée, ne sont pas responsables de leurs péchés. Bien sûr, tous les hommes ont reçu l'Esprit du Christ (la conscience) afin de pouvoir « discerner le bien du mal » (2 Néphi 2:5, Moroni 7:16). Cela nous rend tous conscients du caractère répréhensible de certains comportements, tel que le fait d’ôter la vie ou de voler, mais cela ne rend pas les hommes responsables des lois qui doivent être spécifiquement enseignées, comme la connaissance qui avait été reçue par les Néphites, mais pas par les Lamanites (voir Hélaman 7:24). Les personnes qui enfreignent ce genre de lois sans les avoir reçues, sont coupables d’erreurs qui devraient être corrigées, mais elles ne sont pas responsables de leurs péchés. Elles peuvent souffrir pour leurs erreurs, tout comme un fumeur souffre pour avoir enfreint une loi de santé, même s'il n'a jamais entendu parler de la Parole de Sagesse. Il y a des pénalités inhérentes aux erreurs ou aux fautes, mais leurs auteurs ne devraient pas être catalogués de pécheurs.
Nous comprenons, d’après notre doctrine, qu'avant l'âge de responsabilité, un enfant « n’est pas capable de commettre le péché » (Moroni 8:8). Durant cette période, les enfants peuvent commettre des erreurs, même très graves et préjudiciables, qui doivent être corrigées, mais leurs actes ne sont pas considérés comme des péchés.
Même après que les enfants aient atteint l'âge de responsabilité, avant que nous, parents, ne les réprimandions en tant que pécheurs pour des actions répréhensives, nous devrions nous demander si nous leur avons enseigné le caractère répréhensible de cette conduite. Leur avons-nous enseigné les commandements de Dieu à ce sujet ? C'est un défi et une leçon profonds pour les parents. C'est peut-être le principe sous-jacent à la déclaration solennelle du Seigneur :
_S’il y a des parents qui ont des enfants en Sion, ou dans l'un de ses pieux organisés, qui ne leur enseignent pas à comprendre la doctrine du repentir, de la foi au Christ, le Fils du Dieu vivant, du baptême et du don du Saint-Esprit par l'imposition des mains, à l'âge de huit ans, le péché sera sur la tête des parents_. (D&A 68:25).
L'application des commandements est parfois difficile à comprendre pour les enfants. En tant que parents, nous savons que nous devons constamment enseigner à nos enfants comment appliquer les commandements aux différentes circonstances de notre vie. Par exemple, sans un enseignement explicite, ils peuvent ne pas comprendre que voler des services à une entreprise de télécommunications est tout autant une violation du huitième commandement que voler de la marchandise chez un commerçant au détail. Dans certains de ces efforts d'enseignement, sur des sujets qui font véritablement l’objet d’un doute, les parents peuvent avoir besoin de traiter un acte non informé ou non enseigné comme l’équivalent d’une erreur plutôt que comme un péché. Nous devons corriger les jeunes contrevenants et leur enseigner rapidement des principes corrects pour guider leurs actions futures. Toute répétition constituerait alors une transgression.
Cette procédure rédemptrice s'applique également dans la définition de la transgression d'apostasie chez les adultes pour avoir enseigné une fausse doctrine. Sachant qu’il peut y avoir de véritable questions sur ce qu'est une fausse doctrine, les serviteurs du Seigneur ont spécifié une procédure pour protéger un membre qui s'écarte de la ligne en toute innocence. Ce type d'apostasie est défini comme « le fait de persister à enseigner, comme doctrine de l'Église ce qui ne l’est pas, après avoir été corrigé par l’évêque ou le président de pieu » (Manuels et appels, 32.6.3.2). En d'autres termes, l'enseignement d'une fausse doctrine peut être classé comme une erreur la première fois qu’il se produit, mais il devient un péché et un motif de discipline de l’Église après que ceux qui détiennent l’autorité aient clarifié l'application de la loi à ce que le membre enseigne.
Même s'ils ont enseigné à leurs enfants tous les commandements et principes nécessaires à une vie juste et prévoyante, les parents sont toujours susceptibles de commettre la grave erreur de ne pas faire la distinction entre les erreurs et les péchés. Si des parents bien intentionnés appellent leurs adolescents à se repentir pour leurs nombreuses erreurs, ils risquent d'atténuer l'effet du châtiment et de réduire l'impact du repentir pour les péchés d'adolescents qui l'exigent réellement. Ce point est bien illustré par une expérience partagée lors d'une interview dans la série télévisée « Families Are Forever » de Richard et Linda Eyre.
Le sujet était l'importance d'être amis avec nos enfants adolescents et de créer une atmosphère dans laquelle ils se sentent libres de communiquer avec nous. Pour illustrer ce point important, le cinéaste mormon Kieth Merrill a donné un exemple tout aussi pertinente de l'importance de faire la distinction entre les erreurs et les transgressions dans la correction des adolescents. Sa fille de seize ans venait de commencer à fréquenter des garçons. Après en avoir discuté avec elle, il lui a donné des instructions strictes pour qu'elle soit rentrée avant minuit. Elle avait vingt minutes de retard. « J’étais très fatigué », a déclaré frère Merrill.
_Je souffrais depuis vingt minutes parce qu'elle était en retard. Quand elle est arrivée, je lui ai immédiatement passé un savon. J'ai oublié mes principes. J'ai oublié toute ma pensée positive. J'ai oublié toutes les bonnes choses que je savais devoir faire. J'ai simplement dit : « Tu avais promis d'être à la maison à minuit. Tu n'étais pas à la maison à minuit. Je m'inquiète pour toi. Nous avons passé un appel. Tu n'étais pas là où tu avais dit que tu serais. Tu avais dit que tu appellerais. » Et j'ai énuméré la liste : bing, bing, bing, bing, négatif, négatif, négatif, négatif_.
_« Arrête ! » dit-elle… « Nous n'avons pas bu, nous n'avons pas fumé, nous n'avons pas été immorales ou impudiques. Nous ne sommes pas allés voir de film classé R. Nous ne sommes pas allés à une fête où il y avait de la drogue. Nous n’avons pas pris du speed ni fait quoi que ce soit d'autre. Nous ne nous sommes pas embrassé, nous ne faisons rien fait de mal, papa. J'ai 15 minutes de retard pour le couvre-feu, alors gardons les choses en perspective. » Je me suis écroulé et j'ai éclaté de rire. Elle m'a complètement démoli parce qu'elle pensait qu’elle pouvait me parler comme à un ami_. (« Building Your Child’s Self-Esteem », Families Are Forever, série télévisée sur la chaîne câblée VISN, 1989)
C'est une merveilleuse illustration de l'importance de la direction scripturaire selon laquelle nous ne devons châtier et appeler à la repentance que pour les actions qui constituent des péchés. (Bien sûr, dans certains cas extrêmes ou en cas de récidive, le non-respect d'un couvre-feu bien établi pour les rendez-vous amoureux pourrait constituer un péché, même si dans ce cas, il ne serait probablement pas aussi grave que les péchés qu'il cherchait à prévenir.)
J'espère que nous pourrons nous souvenir de ces principes dans l'éducation et la discipline de nos enfants. J'ai déjà donné une version antérieure de ce discours à un petit groupe de membres de la prêtrise et de la Société de Secours. Par la suite, un frère m'a murmuré : « J'aurais vraiment aimé avoir entendu parler de cette distinction entre les erreurs et les transgressions avant de passer une semaine en camping avec les scouts de notre paroisse. »
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Dans le temps qui me reste, je mentionnerai quelques réflexions sur certains problèmes qui se situent à la frontière incertaine entre péchés et erreurs.
Parfois, il n’est pas facile de faire la différence une erreur et un péché. La frontière peut être incertaine. Prenons l'exemple du magnifique pommier en fleurs dans notre jardin. Un printemps, alors que les branches de cet arbre devenaient trop longues, je les ai taillées, assez sévèrement. June, ma femme, a évalué mon élagage et m'a dit qu'elle pensait que c'était un péché. J'ai pensé que l'ampleur de mon élagage était, au pire, une erreur. J'étais prêt à être corrigé, mais je ne ressentais pas le besoin d’être châtié ni de me repentir.
Mon expérience de taille excessive de notre pommier en fleurs m'amène à constater qu'il existe une grande catégorie de comportement indésirables qui constituent assurément une erreur ou une faute et qui, à un niveau extrême, peuvent franchir la frontière et devenir des transgressions. Lorsque nous laissons volontairement passer une occasion de progresser vers la vie éternelle, c'est assurément une erreur qui doit être corrigée. D'une certaine manière, c'est aussi un péché. Cela s'appliquerait à des choses comme ne pas suivre une scolarité qui nous prépare à la vie, perdre son temps, ou ne pas soigner notre apparence ou ne pas acquérir les compétences sociales ou de communication qui nous aideraient à trouver un emploi ou à être considérés favorablement pour le mariage.
Les erreurs peuvent aussi conduire au péché. Joseph Smith, le prophète, a observé « car il y a dans le monde tant d'insensés sur lesquels le diable peut agir que cela lui donne souvent l'avantage » (Enseignements, p. 267).
La violation de limites particulières, comme les couvre-feux ou les règles missionnaires, peut rendre quelqu’un vulnérable au péché. Ou bien, une erreur commise par une personne peut en entraîner une autre dans le péché en tentant de la corriger. L’élagage du pommier en fleurs, et d'innombrables autres erreurs qui font l'objet de communications entre maris et femmes et entre parents et enfants, peuvent être mal gérées au point de produire ce comportement colérique et furieux que les Écritures appellent « dispute ». La dispute est toujours une transgression. C'était le sujet de l'avertissement de l'apôtre Paul aux parents d'Éphèse : « N'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Éphésiens 6:4). L'apôtre Jacques nous rappelle que « la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu » (Jacques 1:20). Nous devons être prudents dans la manière dont nous signalons et corrigeons les erreurs des autres, de peur que les efforts pour corriger une petite erreur ne se transforment en une réaction excessive qui produise une transgression encore plus grave, de notre part ou de la part de ceux que nous essayons d'aider.
Nous ne devrions pas conclure qu'un péché est toujours plus grave qu'une erreur. Presque tous les péchés, petits ou grands, peuvent donner lieu à la repentance, mais certaines erreurs graves (comme se jeter devant une voiture roulant à toute vitesse) peuvent être irréversibles. Cela montre qu'une grosse erreur peut avoir des effets permanents plus graves qu'une petite transgression. Pour citer un exemple plus bénin qu'un accident mortel de piéton, insulter ou être méchant envers quelqu'un est un péché, mais insulter ou être méchant envers son patron est une grave erreur. Dans ce cas, se repentir d'une méchanceté peut être plus facile que de trouver un nouvel emploi pour insubordination.
Le prophète Joseph Smith a identifié un autre type d'erreur dont les conséquences peuvent être plus graves que celles de certains péchés. Il a déclaré que l'ignorance de la nature des esprits maléfiques avait conduit de nombreuses personnes, y compris certains membres de l'Église rétablie, à commettre l’erreur de suivre de faux prophètes et de fausses prophétesses. Dans un éditorial du Times and Seasons, le Prophète a observé que « rien n’est plus préjudiciable aux enfants des hommes que d'être sous l'influence d'un esprit faux alors qu'ils pensent avoir l'Esprit de Dieu » (HC 4:573). Par ce récit, les personnes innocemment induites en erreur par de faux esprits sont coupables d'erreur et peuvent être facilement réadmises dans le giron de l’Église lorsque leur erreur a été révélée et reconnue. Cet enseignement très rédempteur repose sur la distinction scripturaire entre erreurs et transgressions.
Une autre chose à propos de la relation entre péchés et erreurs est qu'ils vont souvent de pair. Cette vérité sérieuse est illustrée par quelques exemples humoristiques dans une brochure publiée il y a quelques années par la faculté de droit J. Reuben Clark de BYU en hommage au professeur Woody Deem. La relation de complémentarité entre péchés et erreurs est parfaitement exprimé dans le titre : Criminals Are Stupid (Les criminels sont stupides). En voici quelques exemples (voir pp. 7, 14, 25 dans « Criminals Are Stupid : A Tribute to Woody Deem », 1990) :
Un voleur de banque a mis 850 dollars dans son sac, s'est précipité à l’extérieur et s’est rendu compte qu'il avait laissé ses clés de voiture au guichet. Lorsqu'il est revenu les chercher, il était attendu par un comité d'accueil. Certains voleurs de banque réclament de l'argent en écrivant une note qu’ils remettent au caissier de la banque. Certains de ces voleurs ont assuré leur arrestation rapide en écrivant leur demande au dos de leur chèque personnalisé ou de leur facture de téléphone. Un autre voleur a utilisé le verso d'une lettre qui l’informait de l'heure de son prochain rendez-vous avec son agent de probation.
En matière de stupidité, il est difficile de rivaliser avec l'erreur commise par le voleur qui a glissé sa note de demande dans le guichet automatique de la banque. Comme rien ne se passait, il a crié : « C'est un hold-up ; donne-moi l'argent rapidement. » Comme il a été ignoré, il a sorti son revolver, a tiré deux coups de feu dans le ventre du distributeur et s'est enfui en voiture. Un policier qui a entendu les coups de feu l'a arrêté pour tentative de vol et conduite en état d'ivresse.
Les voleurs de banque semblent enclins à commettre des erreurs, mais pas plus que le détenu en liberté conditionnelle qui est entré dans une boutique de fleuriste et a commandé des fleurs pour être livrées à sa petite amie. Après avoir passé sa commande par écrit, il a sorti une arme et a braqué la boutique. La boutique avait l'adresse de la petite amie, elle a donc reçu les fleurs et la police a arrêté son homme.
Enfin, je cite le cas du cambrioleur qui s'est enfui d'une maison cambriolée, en oubliant qu'il avait garé sa voiture dans l'allée de sa victime. Le lendemain matin, il a constaté la disparition de sa voiture et a signalé son vol. Lorsque la police a localisé la voiture, elle a immédiatement compris qu'elle avait également identifié un cambrioleur.
Parfois, un même acte peut être considéré comme une erreur ou un péché, selon l’intention de celui qui le commet. Par exemple, une collision automobile causant de graves préjudices à autrui, peut être une erreur si elle n’était pas intentionnelle ou une transgression si elle était intentionnelle. Le juge Oliver Wendell Holmes, Jr. a souligné la distinction entre un acte non intentionnel et un acte intentionnel dans sa célèbre observation selon laquelle : « même un chien fait la différence entre le fait de trébucher et le fait d’être frappé » (O. W. Holmes, The Common Law, p. 3 ,1881).
Le message central de cette conférence est que nous devrions toujours chercher à faire la distinction entre les péchés et les erreurs, dans notre propre comportement et dans celui des autres. Lorsque nous le faisons, les Écritures nous orientent vers le correctif approprié.
Les péchés résultent d'une désobéissance volontaire aux lois que nous avons reçues par enseignement explicite ou par l'Esprit du Christ qui enseigne à chaque homme les principes généraux du bien et du mal. Pour les péchés, le remède consiste à châtier et à encourager le repentir.
Les erreurs résultent de l'ignorance des lois de Dieu ou du fonctionnement de l'univers ou des personnes qu'il a créées. Pour les erreurs, le remède consiste à corriger l'erreur, et non à condamner l'auteur.
Nous devons faire tous les efforts possibles pour éviter le péché et nous repentir lorsque nous échouons. Grâce à l'expiation de Jésus-Christ, nous pouvons être pardonnés de nos péchés par le repentir et le baptême, et en nous efforçant sincèrement d'observer les commandements de Dieu. Être purifiés du péché et recevoir le pardon et la réconciliation avec Dieu grâce à l'expiation du Christ est le moyen par lequel nous pouvons accomplir notre destinée divine en tant qu’enfants de Dieu.
Nous devons chercher à éviter les erreurs, car certaines erreurs ont des conséquences très douloureuses. Mais nous ne cherchons pas à éviter les erreurs à tout prix. Les erreurs sont inévitables dans le processus de croissance dans la mortalité. Éviter toute possibilité d'erreur, c'est éviter toute possibilité de croissance. Dans la parabole des talents, le Sauveur parle d'un serviteur qui était si désireux de minimiser le risque de perte lié à un mauvais investissement qu'il cacha son talent et ne fit rien. Ce serviteur fut condamné par son Maître (voir Matthieu 25:24-30).
Si nous sommes prêts à être corrigés pour nos erreurs – et c'est un grand « si », puisque beaucoup de ceux qui sont enclins à commettre des erreurs sont également réticents à la correction –, les erreurs innocentes peuvent être une source de croissance et de progrès.
Nous pouvons souffrir des adversités et des afflictions à cause de nos propres erreurs ou des erreurs des autres, mais nous avons une promesse réconfortante à cet égard. Le Seigneur, qui a souffert pour les souffrances et les afflictions de son peuple (voir Alma 7:11; D&A 18:11, 133:53), nous a assuré par l'intermédiaire de son prophète qu'il consacrera nos afflictions à notre profit (voir 2 Néphi 2:2, D&A 98:3). Nous pouvons apprendre par l'expérience, même de nos erreurs innocentes et inévitables, et notre Sauveur nous aidera à porter le fardeau des afflictions qui sont inévitables dans la mortalité. Ce qu'il nous demande, c'est de garder ses commandements, de nous repentir lorsque nous manquons à nos engagements, et de nous aider et de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés (voir Jean 13:34).
Je témoigne qu'il est notre Sauveur et que c'est ce qu'il veut que nous fassions, au nom de Jésus-Christ. Amen.